Back to 9-7

A l’ instant où j’ecris ces lignes, Yoni est dans l’avion avec sa femme et ses deux enfants en direction de Paris CDG. Une étape transitoire de 2 mois avant le grand voyage pour la Guadeloupe pour une « mission » de deux ans…au contact de la communauté juive de BasFort.

Mais qu’est-ce qui fait courir Yoni?

Et puis tout d’abord, qui est ce Yoni?

Yoni est ne aux Ulis, il y a quelques dizaines d’années de cela (enfin, pas plus de 3 pour les décennies), puis il a découvert Jérusalem ou il a vécu quelques années…et aujourd’hui il décide de poursuivre son voyage initiatique qui va le mener vers ses racines paternelles…

Back to 9-7, le chiffre départemental qui correspond a ce département d’outre-mer qui s’appelle la Guadeloupe.

Attachez vos ceintures…

Yoni a partagé mes heures matinales de « limoud » (étude de la torah) ces derniers mois. C’est un garçon profond et intuitif sous des allures de « caruso », toujours prêt a vous transporter sur sa gondole. Il ne lui manque que le t-shirt rayé, le foulard rouge autour du cou et le canotier pour couvrir sa chevelure d’ébène sculptée au gel chaque jour que D… crée.

Yoni est un métis:

– son père est noir et il est né en Guadeloupe;

– sa mère est juive sépharade.

Lors de la « seudat preda », le repas que l’on consomme lorsque l’on va se séparer, j’ai confectionné un petit « dvar torah », un petit sermon non pour le sermonner, mais pour lui dire au revoir a ma façon.

En bref, je lui ai dit cela:

1/ Je l’ai encouragé à poursuivre son voyage initiatique.

Un parcours initiatique est une série d’épreuves morales ou physiques suivie par un jeune homme ou une jeune femme qui lui apportent une plus grande maturité. (Wikipedia, l’encyclopédie libre).

Dans le cas de Yoni, il existe tout un pan de son histoire qui reste dans l’ombre et il brûle de la découvrir. Pour cela, il doit se rendre sur le trace de ses ancêtres paternels (son père fera le voyage avec lui, alors qu’il n’y a pas mis les pieds depuis 50 ans!) et construire son « genosociogramme », un arbre généalogique base sur la mémoire (la sienne propre et celle des « relais de mémoire » que lui fourniront certainement des membres ou des proches de la famille de son père sur place).

Que va-t-il decouvrir sur place?

Des ancetres prestigieux, un secret de famille, des evenements specifiques qui se reproduisent a chaque generation ou sautent les generations?

Quoiqu’il en soit, les informations qu’il va glaner vont completer vont transformer sa vie et ses decisions pour l’avenir…

Je lui ai raconté l’histoire du pauvre juif qui vit dans le fin-fonds de la Russie et qui rêve toutes les nuits pendant six mois qu’un trésor se trouve enfoui sous une des piles du pont de Prague (le pont Charles, lire le post « Pracha »). Contre l’avis de sa femme, qui crie « Au fou! », il fait le voyage et découvre sur place que le pont est truffé de gardes et de militaires, car il mène au Palais Royal…

Mais, il n’a fait tout cela pour rien et une nuit il tente sa chance et se fait arrêter immédiatement. Conduit devant le chef de la police, qui lui demande s’il est fou et s’il pensait avoir la moindre chance de succès, il confie son secret.

En éclatant d’un rire bruyant, ce dernier lui rétorque:

– « Moi aussi, pauvre juif, je rêve toutes les nuits qu’il existe un trésor sous le cheminée d’une misérable masure aux tréfonds de la Russie, ce n’est pas pour cela que je vais m’y rendre! »

L’assimon (le jeton téléphonique des cabines) finit par tomber et notre homme comprend ou se trouve le véritable trésor. Il casse sa cheminée en rentrant et le découvre facilement comme s’il l’avait toujours attendu…

Yoni sait parfaitement que Jérusalem est le terminus pour tout juif, que ce soit de son vivant ou a la fin de ses jours. Pourtant, il ne peut s’y épanouir pleinement tant qu’il n’a pas éclairci son autre moitié.

2/ d’aller au bout de ses rêves

Comme le chante si bien J-J Goldman, l’être humain qu’il soit juif, russe, pauvre ou yerosolomite, jeune et riche d’une saine curiosité se doit de compléter sans cesse sa connaissance de soi. C’est ce que l’on appelle la « shlemut » en hébreu, littéralement la plénitude.

Ce « Lech lecha » qu’il effectue aujourd’hui a l’instar de son ancêtre Abraham est selon la traduction de Rashi, « Letovatecha ve leanaatecha », pour ton bien et ton profit.

Par opposition au « Chelach lecha » de Moise dans la Parashqt Korach, a qui D… dit: « pour toi » (pas pour moi, car je ne le désire pas).

Yoni va quitter sa Torah, celle de sa mère (« Shma beni, al titosh torat imecha ») qu’il a apprise à la yeshiva du Rav Ron Shaya à Ramot D…mais va recevoir le « Moussar » (la morale) de son père (« Shma beni, moussar avicha ») qui lui fait tant défaut.

Il va recycler cette Torah de Sion (« ki mitzion tetse torah udvar HM miyerushalayim ») au profit de la jeunesse juive des 100 familles de BasFort, qui sont loin de leur racines et les leur inculquer sous le soleil des tropiques…et va en retour y découvrir ses racines musicales et rythmiques.

3/ de « faire son expérience »

Car contrairement a tous ses détracteurs; qui crient « Au fou », je pense comme Lao Tsé que « l’expérience est une lanterne que l’on porte dans les dos » et donc par définition qui ne peut être que personnelle.

Et la découverte de son coté noir est essentielle pour la bonne compréhension de ses origines et la construction de sa personnalité (dans le sens de persona, le « personnage »).

Son métissage m’interpelle et je citerais un extrait du livre « Aie, mes aïeux » d’Anne Ancelin Schutzenberger: 

– « Nous sommes tous des métis.

Nous venons du métissage de deux familles différentes, celle de notre mère et celle de notre père. Même si ces deux familles sont des voisins de la même rue, ou si nos parents sont deux petits-cousins, ou deux collègues, qui ont la même race, la même religion, la même couleur de peau,  le même milieu, le même statut social, la même classe sociale, la même nationalité, la même culture, ils n’ont pas forcement les mêmes gouts en cuisine, les mêmes gouts en littérature, en musique, les mêmes réactions au froid et au chaud, les mêmes modes de vie.

En général, l’une des familles devient prégnante dans un couple et l’autre devient « la pièce rapportée ».

Très souvent, nous héritons d’une culture et non pas des deux: il ya une culture dominante et une culture exclue et effacée.

Ce n’est ni simple- ni même prévisible. Cela se complique de plus, par les problèmes du choc des cultures dans les mariages mixtes. »

4/ De renforcer sa « Chorkhma »

Cette confrontation de son héritage juif et désormais religieux orthodoxe avec la rigueur de l’étude de sa Torah et la pratique de ses « Mitzvot » (ses commandements) avec l’inertie des iles et son lot de beauté, de sensations et d’insouciance va enrichir le patrimoine de Yoni déjà bien pourvu en capital.

La Torah interdit la jalousie sauf dans un cas et un seul: « Kinat sofrim tarbe chorkhma », la sagesse des érudits, celle la tu peux la jalouser,  t’en inspirer et l’imiter pour mieux la dépasser…et je brule de connaitre tes aventures outremer afin de m’enrichir de tes expériences!

5/ d’ouvrir immédiatement un blog pendant to stop en métropole pour être prêt pour tes récits hauts en couleurs a BasFort.

Régale nous des odeurs, des bruits, de la chaleur, de la cuisine et de tes nouveaux amis.

Fais nous participer à ton aventure extraordinaire au plus vite!

Que les alizés te soient doux et la brise marine rafraichissante…

Puisses-tu découvrir ce qui te manque et compléter ce que tu as déjà acquis…

Que la sagesse de la Torah t’accompagne et ton épouse te garder des embuches et des dangers…

Découvre là-bas le secret des secrets: être le meilleur de soi-même.

Ne change rien Yoni, tout est déjà la prêt à se révéler, ouvre tes bras et ton cœur et laisse les choses venir a toi. HM ne met pas l’homme dans des pièges et l’aide à découvrir sa mission dans ce monde.

Bon vent, beau-gosse… et mets-nous au parfum des iles!