Publié par : didier1 | 28 avril 2008

Chol Hamoed

Etes-vous plus « Chol » que « Moed » ?

Pour les Israéliens non pratiquants, le congé pascal est une occasion unique de fuir le pays et d’échapper ainsi aux vicissitudes et aux contraintes halachiques relatives a la fête.

Bien que cette année le « Bagatz » (la cour suprême) ait autorisé le pain en vente libre, 81% des Israéliens ont décidé de s’en abstenir pendant cette période!

Cette période de « demi-fête » est l’occasion d’une gigantesque transhumance a travers le pays. En effet, quelle que soit la tendance (lire « Blacks vs, Knitted), les routes se chargent de voitures des l’aube et drainent les flux contraires jusque tard dans la nuit.

Tout est prétexte a faire des « tiyulim » (des excursions) et des « mangalim » (des barbecues) dans les endroits les plus reculés du pays.

Sortez les sacs a dos, les protections isothermes pour les bouteilles d’eau, les « sandaley arim », (les sandales de randonnée), les casquettes et la « crem shizouf » (solaire) et profitons de ce « Chol Hamoed » jusqu’à la dernière minute…

Aussi des le lendemain du « seder », nous avons commence notre « round » de Chol Hamoed par un petit « tiyul » au « secher » (barrage) de Beit Zayit, en contrebas de la foret de Jerusalem.

Nous avons pris le chemin forestier pour longer le barrage en direction d’Ein Kerem, puis bifurquer vers le « stairway to heaven », un petit sentier escarpé a flanc de colline ou se nichent de délicieuses maisons arabes comme enchâssées dans le roc…pour atteindre la rue principale du village ou nous nous sommes désaltérés a la « makolet » (épicerie) locale.

Dans la descente, nous avons admiré le coucher du soleil sur le réservoir crée par le barrage. Puis nous avons rendu visite a nos copains les R. qui habitent une délicieuse maison lovée dans un écrin de roses qui poussent sauvagement cette année, « shmita » (jachère) oblige!

Installés confortablement sur leur « deck », un promontoire en bois qui fait penser a la proue d’un bateau avec la vue sur la vallée et Mevasseret Tzion en toile de fond, nous avons devise sur nos vies de futurs grand-parents dans les mois qui viennent

Journée bucolique s’il en est et merveilleuse première journée après cette mémorable sortie d’Égypte en famille realisee la veille a la hate ( car manger l’Afikomen avant 0h40, ce n’est pas de tout repos!).

Couches tôt, levés tôt: le programme était ambitieux pour cette deuxième journée:

– piscine pour les unes, « tefila » pour les autres;

– départ pour Tel Aviv avec deux vélos dans le coffre plus le pique-nique et location de deux autres vélos sur place;

– en direction de Yaffo et baignade sur une section de plage en rénovation, ce qui revenait a une plage privee tant les gens ont horreur de l’aventure et du manque de confort;

– retour au « namal ». l’ancien port de Tel Aviv désormais « ultra branché » avec ses cafés, ses restaurants et ses boutiques le long d’une « tayelet », une promenade avec planches qui n’ont rien a envier a celles de Deauville!’

– pique-nique a l’ombre d’un arbre providentiel au Parc Hyarkon et petit somme post-prendial pour apaiser les jambes;

– puis promenade a vélo le long du cours d’eau jusqu’aux « Gane Yeoshua », et tour du lac artificiel pour retourner par l’autre rive;

– restitution des vélos et retour a Sion pour une petite soirée « pépère ».

Le troisième jour, nous avons fait une virée a Natanya pour aider notre fille aînée a nettoyer son nouvel appartement. Elle déménage bientôt de Haifa avant d’accoucher, SDV, de notre premier petit-enfant…

Un petit arrêt au Ikea de la ZI de Poleg pour continuer vers le centre ville ou se trouve le logement. Nous avons tant frotté, décapé et récuré que nous en avons oublier de manger. Puis, comme « la faim fait sortir le loup du bois », nous nous sommes rués dans un petit resto « chalavi » (de lait) sur le Kikar ou nous avons dévoré salades composées et desserts très appétissants!

Un petit arrêt de courtoisie pour saluer nos « mechutanim » (les beaux-parents de ma fille, c’est plus court en hébreu!) et retour au bercail cassés de fatigue.

Rebelote le lendemain avec footing des jours impairs après la « tefila » en « minyan » avec mon fils Et la, plus personne! Tout le monde s’est éparpillé dans la nature pour vaquer a ses occupations…

Je me suis retrouvé avec ma dernière fille qui va sur ses 10 ans et j’ai organisé, avec des amis français de passage a Sion pour les fêtes, un petit « tiyul » aux grottes de Sorek, prés de Bet Shemesh.

Grâce au GPS dont mon copain est si fier, nous nous sommes retrouvés dans une carrière a ciel ouvert dans un cul-de-sac! C’était la bonne adresse…mais a 600 mètres en surplomb!

Demi-tour et ascension du col pour découvrir des grottes magnifiques avec stalactites (de haut en bas) et stalagmites (de bas en haut) qui se rejoignent pour former des piliers de toute sortes et de toutes formes qui eux-mêmes s’accolent pour former de véritables murs…

Sensations ireelles dans cette touffeur souterraine, dans une quasi obscurité ou l’on chemine prudemment sur un sol humide et glissant.

Exit les grottes et vive la route de montagne vers Tzur Hadassah et « back to » Ein Kerem pour une flanade dans les ruelles escarpées qui surplombent la foret de Jérusalem.

Enfin « dix de der » en ce cinquième et dernier opus de ce « concerto en tiyulim mineurs », mais non moins fort agréables, pour une virée a Hertzlya et sa merveilleuse plage de sable fin ou nous avons rencontré notre « chayal hayakar » (lire le post éponyme) libéré « miraculeusement » (pour bons et loyaux services pendant la semaine) et que nous avons ramené au bercail avec sa petite femme (« tarte mashma ») pour le Shabbat.

Baignade, « matkot » (les raquettes en bois avec la balle du « Jokari » de notre enfance), footing entre hommes sur la plage et lecture au soleil…le cocktail gagnant pour faire un « carton plein » de cette semaine de rêve.

Shabbat-Yom Tov pour clôturer ces fêtes de Pessah qui nous ont laissé profiter d’un Chol Hamoed long et lineaire (non entrecoupé d’un shabbat »).

Itinéraire d’une liberté retrouvée a travers un pays en fête et en paix, ou le seul feu est celui des« mangalim » (Bar-B-Q) et du « sharav » , ce vent du désert qui n’a pas bougé d’un iota toute cette semaine, pour la plus grande joie des limonadiers et des glaciers « kachol-lavan »

Tourisme populaire, bon enfant et sans fioritures. Sans hôtels de luxe ni attractions phénoménales et hors de prix, ou le bonheur de se mêler au « Am », au peuple juif qui quitte ses demeures pour peupler les parcs naturels, les plages et les sentiers de randonnées en famille ou entre amis prime sur tout le reste.

Alors, plutôt « Chol «  ou « Moed »?


Réponses

  1. Un si delicieux programme… J’ai trouve quel etait ton metier: coach de bonheur simple… C’est si compliaue parfois de nos jours…

  2. Cher AY,

    J’espère que ces fêtes de Pessah se sont bien passées (c’est le cas de le dire!). Si ce n’est pas le cas, ça se passe (c’est facile!) de commentaires…

    Quoiqu’il en soit, je te remercie pour ce titre de « coach de bonheur simple » que je mettrais peut être un jour en exergue (sur une carte de visite par exemple).

    C’est le propos de ce blog: redonnez le goût du bonheur aux autres car il est en chacun de nous, mais souvent tu, censuré ou inhibé par le Moi (selon toutes les écoles), le personnage (ou la personnalité pour faire plus soft) ou le Chutz (si tu veux causer juif) qui nous contraint et que nous jouons dans la société.

    Libérer « l’élan vital », « l’énergie créatrice », le « Soi » (selon Jung) ou le « pnim » si tu préfères (c’est tellement plus simple), c’est le défi de l’homme.

    Atteindre par sa propre volonté et grâce a l’aide du ciel cette révélation personnelle que le rayonnement reçu pendant le seder a initialisé…

    A nous de suivre le mouvement a l’aide la Matza et son apport en « emouna éléments » pour le reste de l’année.

    Quand aux bonheurs simples, je les ai reçus de la « torat imecha », de l’enseignement de ma maman qui m’a appris a apprécier chaque petit instant de l’existence, même les plus infimes (douche chaude, change de linge propre, petit en-cas sur le pouce, mot gentil, sourire, attention…la liste n’est surtout pas exhaustive).

    Alors certes c’est compliqué (ça l’est tellement que tu as du mal a l’écrire!), mais ça en vaut largement le coup…au long cours.

    Ce changement de pseudo de AX vers AY, n’est-il pas un premier signe de cette liberté retrouvée?

    A git zimmer!

    Didier

  3. « Sans hôtels de luxe ni attractions phénoménales et hors de prix, ou le bonheur de se mêler au “Am”, au peuple juif »
    ……………………………

    et toutes les stupidités a beaufs et a boeufs..
    le plus beau souvenir que je garde de ce pays, est vieux de 12 ans je crois ..nous avions passé deux jours au kibboutz Metsoké Dragot dans les monts de Judée
    confort monacal, repas spartiates, mais quel bonheur de lire les traces de panthère au fond du canyon ou de disséquer les crottes de loups, ou de voir surgir la goutte vermeille du pavot autochtone..et le tout dans cette grandeur écrasante de pureté des monts de midbar yéhouda…et toujours ce sentiment de bien connaitre l’endroit depuis toujours..un atavisme du aux chomosomes mémoire ? ch’sais pas ,mais sentiment unique et inconnu dans d’autres endroits du monde-amitiés-

  4. Cher Rambo,

    Tout d’abord, un grand merci pour ce feedback si poétique.

    Ce qu’il y a de merveilleux avec la terre d’Israël, c’est qu’elle contente tout le monde, car elle nous révèle la source de notre âme…

    Prêt pour la reincarn’a Sion?

    @ffaire a suivre…de très prés,

    Didier

  5. Les grottes de Soreck : Oui j’y étais.
    Pour une sortie éducative, il n’y a pas mieux. Je ne me doutais pas qu’une promenade dans les profondeurs de la terre, puisse enseigner autant sur la nature… humaine. Parvenus dans le silence de ces voûtes de calcaire millénaires, mon mari frappé par tant de splendeur s’est exclamé : « On se croirait à Pirates of the Carribean à Disney! » La beauté grandiose du lieu l’avait rendu lyrique, première découverte.
    Nous suivons le flot des visiteurs, chacun y allant de son petit commentaire : « Oh on dirait un gâteau d’anniversaire! Oh celui là qui fait des plis, il s’appelle oreilles d’éléphant ! Ah bon? Et celui-là on dirait du ketchup. Ouais ou plutôt un champigon avec de la mayonnaise. » etc…etc…
    Quand, au détour d’un grand stalagtite, nous eûmes droit à une animation non mentionnée dans le programme. Un visiteur israélien, habillé et chapeauté style grande randonnée, s’en prenait à mon fils qui avait posé la main sur un monticule jauneâtre informe qui jamais n’aurait retenu votre attention à l’air libre : un stalagmite! Mon fils, très énervé répond. Ca commençe à chauffer dans la grotte. On allait enfin rigoler. Je demandai au visiteur si concerné par le bout de calcaire jaune s’il travaillait là: « Non mais , c’est des machuns très anciens, on n’a pas le droit de les abîmer. » Sa femme, également grande défenseuse du patrimoine calcaire de l’humanité nous fait honte de notre comportement. J’ai peur qu’elle arrache un morceau de stalagtite pour me lapider (non, je rigole). On se sent des sous-citoyens, des profanateurs de grottes. Et oui, à chacun sa religion. Découverte numéro deux.

    Pour moi, la spéléologie, c’est fini.

  6. Chère Beaz,

    Merci pour ce post miniature qui met le zoom sur une de nos sorties de ce Chol hamoed…

    Mon avis est le suivant:

    – Vous avez tous les deux raison!

    Lui parce que c’est un « chassid de la Haganat hateva », un « sarouf », un brûlé de la protection de la nature. Et de surcroît il vénère la terre d’Israël, en surface et en profondeur…pour le meilleur et pour le rire!

    Toi aussi, parce que tu es de culture française et que notre sens de l’auto-dérision procède d’un second degré incompréhensible par un israélien moyen, même de bonne composition pour qui le « tachless » ne souffre pas l’humour.

    Alors pour harmoniser ces socio-types opposés (lire « Toolbox »), une seule solution: la CNV (lire les deux posts eponymes).

    Bon courage en sous-France (ou en souffrance?) et a bientot pour de nouvelles aventures a Sion,

    Didier


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